Il est des parfums et des bruits qui transportent avec eux nos souvenirs et rappellent à notre mémoire des moments particuliers de nos existences. Certains frappent à notre porte intérieure, pénètrent notre âme et s’éloignent lentement. Il en est d’autres qui nous accompagnent depuis l’enfance. Ils se sont tapis au fil des jours, des mois et des années au cœur de notre cœur et partagent avec nous l’intimité de nos pensées.
Kathy LE VAVASSEUR a gardé en elle les parfums et les bruits d’un fleuve mythique qui parcourt le Tibet, le Laos, la Birmanie, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam avant de plonger dans la mer de Chine: le Mékong. Elle a aussi gardé en mémoire les mouvements majestueux de ses eaux limoneuses ou leurs bouillonnements. A l’instar du vent dont l’énergie engendre ondulations et turbulences, cette artiste emploie la sienne à donner vie à la terre. Sous la direction de ses gestes et la pression de ses doigts, la matière se transmue en autant de vagues aux cambrures élégantes, de crêtes aux allures nerveuses, de tourbillons aux circonvolutions amoureuses et de plantes aquatiques. Dans un univers où le blanc et le bleu dominent, et où les terres mêlées viennent souligner des lignes épurées, l’émail est rarement présent. L’argile ou le grès donnent à voir le grain de leur peau et cette matité qui enveloppe chaque pièce, lui confère une pureté particulière.
Si le mouvement crée la forme, la répétition de cette forme crée, à son tour, un mouvement et lui insuffle sa dynamique. Ainsi, l’objet peut-il devenir sujet lorsqu’il obéit à la règle des multiples. Ici, chaque création peut se métamorphoser à travers une installation de dix, vingt, trente pièces ou davantage. L’eau, élément de la Nature, nous apparaît soudain et nous entraîne le long de ses rives.
La force du travail de Kathy LE VAVASSEUR réside dans ce concept à la fois poétique et audacieux, capable de nous entraîner dans un ailleurs où nous pouvons rêver.
Aline Jaulin
Paris, novembre 2013