Démarche artistique
Le lavement, la terre et la chair
Poétique de l’être dans l’Œuvre de Kathy Le Vavasseur
A travers les symboliques du fluide, du lavement, jouant sur des relations d’équilibres, matières et échelles de mesures, Kathy Le Vavasseur imbrique, modèle, superpose. Elle casse, courbe et révèle des structures légères et élastiques, usant de la maille du collant comme d’un voile sculpté, résineux et animé qu’elle finit par étendre pour rappeler les tumultes du Gange et des nombreux rites associés. Plus loin, travaillant de formes en sujets, et de fragments en séries, elle explore la terre massive, ténue mais lourde. Elle lui donne le mouvement du point de contact entre air et eau, use de la technique du Nérikomi pour invoquer les couches d’individualités et créer là encore le paradoxe de la fluidité, mouvement, et de l’ancrage dense et fragile à la fois. Née d’un père italien, sculpteur et designer, sa réflexion est empreinte d’une histoire familiale malmenée d’une terre à l’autre par les aléas d’événements politiques. De fait, ce que Kathy Le Vavasseur appelle « Pulsion vitale », doit s’envisager comme une suite de transformations de l’individu et de son environnement. Marquée par le Mékong et le Gange, et déchirée entre plusieurs Histoires, chemins de vies et cultures, elle associe des strates d’existences à travers la peau, les viscères, les chairs et évoque constamment la renaissance. Ici usant de la performance, Kathy Le Vavasseur fait appel aux porosités entre vie matérielle et spirituelle. Elle orchestre la cérémonie, recréant une coiffe attachée aux sâdhus indiens, quelle explorera plus tard en des formes minimales et organiques faisant souvent l’économie de toute expression normée. Le beau, le sal, l’indicible, peu importe. Elle crée ainsi son alphabet de l’être, composant la synthèse la plus absolue possible. Le dénuement du sâdhu devient forme ondulatoire, phallique et sans apparat.
Dans cet esprit de synthèse, son œuvre se rapproche de plus en plus de compositions macros. Elle use de radios de son corps ou d’anonymes qu’elle transforme et associe à des jets de verre translucide, qu’elle file dans son atelier. Elle montre ce qui, invisible marque le fond d’un être. Plus récemment, l’on retrouve des symboles empruntés à la science avec ses installations Translocation, Cyclogenèse, Neurone, Genèse…